Seul à Zanzibar 87 : Box set
Hier l’annonce d’un coffret anniversaire du premier album de Weezer, coïncidant avec le début d’une tournée où le groupe rejoue le disque en entier, m’a refait penser à cette différence fondamentale entre les musiciens et les auteurs. Contrairement aux artistes qui se produisent devant un public réclamant d’entendre les vieux hits, l’écrivain n’a pas à ressasser son passé.
Alors, certes, j’imagine que lorsqu’on est William Gibson, on doit tous les jours entendre parler de cyberpunk et répondre à des questions sur Neuromancien à chaque interview, mais il n’est pas obligé de réécrire son livre. De revenir sur cet univers. De réemployer ses personnages. Cette partie de sa vie est révolue, lointaine. Il travaille sur d’autres textes, est tourné sur son avenir créatif.
J’ai du mal à m’imaginer dans quel état mental on se retrouve lorsqu’on doit jouer, chaque soir, des chansons qui ont plusieurs décennies d’existence et qui rappellent un passé où l’on était, comme le monde autour de nous, complètement différents. Peut-être que la répétition, le fait d’interpréter ces morceaux non stop depuis le début les a fait entrer dans une autre dimension et qu’ils ne possèdent plus la même portée de réminiscence.
Mais tout de même…
Plusieurs périodes de la vie d’un musicien coexistent au cours d’un concert. Il les incarne tour à tour. Grâce à une légère dissociation, peut-être ?
L’auteur qui écrit ne se soucie que du présent. Comme le musicien en studio, me direz-vous. Certes, mais celui-ci doit aussi réfléchir à ce que donneront ses morceaux plus tard, en concert.
L’écrivain jongle différemment avec son passé. Il en travaille sans doute la matière, mais ne revient jamais (à de très rares exceptions près) sur le matériau fini, publié. Il ne peut réinterpréter.
Dans cette optique d’être tourné sur le présent et l’avenir, de ne pas ressasser le passé, ne pas devoir rejouer mes hits m’arrange bien. Encore faudrait-il que j’en ai…
Trystero poursuit sa route en librairie. Toujours de superbes critiques et des réassorts. Alors on ne lâche rien. Si vous avez lu le bouquin et l’avez aimé, vos retours sont essentiels. N’hésitez pas à en parler à vos libraires, de poster des commentaires sur Babelio, Goodreads, Amazon, vos réseaux, que sais-je encore. C’est peut-être rien, ou c’est peut-être très utile pour la vie du livre.
Quant à l’avenir, c’est la sortie d’une novella aux éditions 1115, Big Sur. Un texte qui revient sur mes habituelles obsessions (ouais, ok, je rejoue mes hits): la littérature, la culture populaire, la Californie et les légendes (sub)urbaines). Un road-novel façon paperback d’horreur. Comme si l’on associait un burger avec un Gigondas.
D’autres nouvelles plus conséquentes (à la fois agréables et intéressantes) dès que j’aurais le droit d’en parler.
D’ici là, que Dick vous garde.

